Les croyances – Cas pratique n°2 : Le développement durable

Je cite Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans le Kairos d’avril/mai 2017.

Les énergies renouvelables viendront nous sauver du déclin des combustibles fossiles et du changement climatique; les robots et autres objets connectés à travers de gigantesques serveurs nous aideront à mettre en place une économie collaborative, soutenable et harmonieuse; ou au pire, la colonisation de Mars dans un futur pas si éloigné permettra à une petite partie de l’humanité d’échapper à la catastrophe écologique !

Laissons la dernière proposition délirante pour les lecteurs boutonneux de Science et Vie, ou pour les amateurs de films futuristes paranos américains tels que Interstellar. Nous n’avons pas de planète de rechange. C’est une limite.

Laissons la deuxième proposition (robots) pour les techno-scientistes un peu naïfs. L’économie capitaliste « dure » ne tolère pas beaucoup les formes « douces » d’économies. Il n’y a qu’une économie, qui détruit ou récupère toute initiative innovante ou marginale.

Détaillons la première proposition très largement répandue, du développement durable : les énergies renouvelables, le changement climatique, les générations futures…

Il suffit de regarder le film « Sans lendemain » pour comprendre que malheureusement les énergies renouvelables ne pourront pas nous permettre de remplacer les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, nucléaire…).

Le changement climatique, nous y sommes déjà : les glaciers ont fondu, il n’y a plus de neige en hiver, nous assistons à une alternance de chaud et de froid très inquiétante… Évidemment, il y a toujours des journalistes imbéciles pour se réjouir de la chaleur et des ventes de glaces au bord du lac d’Annecy fin octobre.

Tout le débat sur le carbone, sa mesure obsessionnelle sur les sites de transport ou de vente de bagnoles, cache une mesure beaucoup plus complexe : celle de l’empreinte écologique.

 

 

 

 

 

Les « générations futures » : c’est un terme honteux. Ils ne sont pas encore nés, c’est une abstraction qui nous dédouane. Si nous disions plutôt : « Nos enfants » : ils sont vivants, et nous avons la responsabilité de les accueillir et de les protéger.

Le développement ne peut pas être durable à l’infini : allons-nous continuer de construire indéfiniment des immeubles, des villes, des autoroutes ? Allons nous vivre avec des robots, nous greffer des pièces robotiques, ou remplacer les humains par des robots ?

Le développement durable, c’est la désastreuse écologie qui pue des pieds mise à la sauce glamour de l’économie de marché, de l’économie de croissance infinie dans un monde fini. C’est une fausse-barbe, un déni, pour se voiler la face face à la réalité.

Il est très difficile d’admettre que la réalité contredit nos rêves de toute-puissance. Nous, occidentaux, avons rêvé d’un monde meilleur. Au lieu de cela, nous avons exterminés les amérindiens et les indiens du Sud, nous avons exterminés les éthiopiens et bien d’autres, fauchés comme les blés tendres (Churchill). Nous avons importé la guerre coloniale en Europe et cela a débouché sur deux horreurs successives : 14-18 et les « déserteurs » en ESPT, le choix de la défaite et la débâcle française, le maréchal Pétain et les nombreux camps français (Drancy, Struthof, Les Milles…).

Nous nous sommes consumés dans le consumérisme, devenue une nouvelle religion : chacun réclame son « saut de puce en avion pour manger une pizza à Naples pour 30 euros, aller/retour dans la journée ».

Qui peut poser une limite à un tel délire ? Les consommateurs ? Les politiques ? Ou les seuils écologiques franchis ou en passe d’être franchis, provoquant sans doute les changements importants annoncés par le rapport Meadows ?

Nos problèmes ne sont pas économiques ou écologiques : ils sont avant tout conceptuels. La pensée chrétienne est viciée depuis longtemps. Le sort que nous réservons aux animaux est catastrophique, parce que nous ne pouvons plus nous penser comme des animaux. Le sort que nous réservons au monde est catastrophique parce que nous le considérons comme notre « environnement » duquel nous sommes comme détachés.

Les catastrophes à venir ne seront pas forcément catastrophiques pour nous, les humains. Elles seront par contre catastrophiques pour l’économie, la finance, les infrastructures.

Et elles seront bénéfiques pour l’harmonie entre les vivants.