Panne d’ascenseur dans le social

Depuis 2015, un sujet me trotte dans la tête. J’ai commencé à mettre en forme mes idées en 2017 et ces idées ont pris la forme d’un essai. Mon ami Bernard Legros a bien voulu écrire la préface, et l’éditeur Libre et solidaire a été intéressé par mon projet, qui est paru le 30 mai 2019.

Je soutiens les librairies indépendantes faces aux GAFAM, et soutient cette sélection de livres pour réfléchir sur l’Amazonie.

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Véritable métaphore, ce texte dénonce les déviances de notre société qui laisse en chemin les personnes les plus fragiles sous prétexte de modernité.

En 2002, dans un quartier ouvrier de Strasbourg, le petit Bilal, un enfant de 4 ans, chute dans une cage d’ascenseur et décède. Cet accident très médiatisé, à l’origine de la loi de Robien, nous interpelle sur l’état de notre société.

Le progrès technologique est-il vraiment accessible à tous ? L’ascenseur, solution de notre société moderne, est-il supérieur à l’escalier, solution « économique » ? À travers ce parallèle, c’est tout le concept de « progrès » qui est remis en question. Cette parabole décrit un système social qui augmente les inégalités entre les classes, les privilégiés d’une part et les laissés-pour-compte d’autre part, ce fossé se creuse de plus en plus engendrant frustrations et suscitant le rejet de notre système politique.

Cet ouvrage nous invite à refuser ce faux progrès, à changer nos références culturelles, notre regard sur le monde et sur nous-mêmes, et surtout à modifier notre comportement, le temps presse…

Choisir son psy reste un casse tête

Certains ont déjà lu cet article, d’autre le découvrirons ci-dessous.

Un article assez confu et pessimiste

Le libellé de l’article est pessimiste, ça n’aide pas les patients à y voir plus clair. On aimerait bien compter sur l’auteur du monde pour nous aider… Alors j’essaie de compléter un peu.

Ce qui est dommage, c’est que nous avons en France la manie de pointer les statuts, là où nous devrions mettre en avant l’activité. Je préfère dire « Je joue du piano » au lieu de « je suis pianiste ».

Ce qui compte, c’est le type de thérapie que vous souhaitez faire. Et après, il vous reste à chercher un professionnel qui propose ce type de thérapie.

Les TCC sont pratiquées par les psychothérapeutes, mais aussi par les médecins, les psychologues, les psychiatres, et pourquoi pas par certains psychanalystes un peu open.

Les psychanalyses les plus courantes (Freudo-lacanienne ou jungienne) sont pratiquées par les psychanalystes.

La psychothérapie brève (qu’on peut situer entre une TCC et une psychanalyse, en durée et en profondeur) est pratiquée par certains psychologues, notamment ceux ayant un DU (psychothérapie intégrative, thérapie des schémas…), les psychiatres et les psychanalystes.

 

L’article du journal Le Monde, du 11 avril 2011.

Longtemps, n’importe qui pouvait se déclarer psychothérapeute, ce qui laissait la place à d’éventuels charlatans, sans formation. En mai 2010, un décret est venu réglementer la profession. Très controversé, il reste, un an après, perçu par la plupart des psychanalystes et psychothérapeutes comme une tentative de « médicaliser la souffrance psychique » et de privilégier les thérapies comportementales importées des Etats-Unis par rapport aux psychothérapies à tendance analytique.
Le décret crée un registre national des psychothérapeutes accessible au public. Pour s’y inscrire, il faut être titulaire d’un master de psychologie ou de psychanalyse, ou d’un diplôme de médecin, et justifier d’une formation en psychopathologie clinique de quatre cents heures minimum et d’un stage pratique d’une durée minimale de cinq mois.

Un an après la promulgation du décret, le registre n’est toujours pas prêt. Les agences régionales de santé commencent tout juste à mettre en place les commissions d’inscription. « On peut s’attendre à ce que le fichier ne puisse être exhaustif avant plusieurs mois », précise-t-on au ministère de la santé.

Alors vers quel « psy » se tourner pour faire une psychothérapie ? Par « psy », on désigne une galaxie composée de quatre grandes familles : les psychiatres, les psychologues, les psychanalystes et les psychothérapeutes.

En vertu du nouveau décret, les psychiatres (médecins spécialisés dans les troubles mentaux) sont les seuls à ne pas avoir besoin de formation complémentaire pour être psychothérapeutes. Les psychologues, titulaires d’un master de psychologie, les psychanalystes (qui ont été eux-mêmes analysés et dont les premières années d’exercice font l’objet d’une supervision par un psychanalyste senior) doivent, comme les médecins, bénéficier d’un complément de formation en psychopathologie et en pratique clinique. Les psychothérapeutes installés depuis au moins cinq ans peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’une dérogation.

Au ministère de la santé, on précise que le groupe PagesJaunes s’est engagé à partir de l’édition 2012 à inscrire dans la rubrique « Psychothérapeutes » les seules personnes ayant fourni leur autorisation d’usage. Les autres figureront dans une nouvelle rubrique intitulée « Psychothérapies : pratiques hors du cadre réglementé ».

En guerre contre le décret, certaines sociétés de psychothérapeutes ont décidé de renommer leur profession, et de s’appeler « psychopraticiens ».

Mais choisit-on vraiment un psychothérapeute dans les PagesJaunes ? Pour Marie-Frédérique Bacqué, professeur de psychopathologie à l’université de Strasbourg, « la première des choses est de s’adresser à son médecin traitant, qui dispose d’un réseau de psys dans son quartier ».

Coauteur du guide Comment choisir sa psychothérapie, les écoles, les méthodes, les traitements, (Odile Jacob, 2006, 352 p., 23,90 euros), Daniel Widlöcher, psychiatre, psychanalyste, y voit plutôt la tâche du psychiatre : « Il doit être en mesure d’aider la personne à s’orienter vers une combinatoire, médicament, thérapie d’orientation psychanalytique ou comportementale. »

Pour cet ancien président de l’Association psychanalytique internationale, il y a deux grandes manières de traiter la souffrance psychologique : les thérapies de suggestion ou les thérapies de réflexion sur soi. Les premières, qui correspondent au courant comportementaliste, guident le patient, lui donnent des consignes pour qu’il lutte contre les symptômes qui le font souffrir. Les secondes, qui correspondent au courant analytique, aident l’individu à se dégager de ses pesanteurs et de ses déterminismes internes par une réflexion sur soi en faisant parler l’inconscient.

Les deux courants se livrent une compétition acharnée, chacun tentant de disqualifier l’autre. Dans un livre qui vient de paraître (Choisir une psychothérapie efficace, Odile Jacob, 349 p., 22,90 euros), Jean Cottraux, psychiatre et précurseur en France des thérapies comportementales et cognitives (TCC), passe en revue cinq types de thérapie et conclut à l’efficacité des TCC dans la quasi-totalité des troubles pathologiques, les thérapies psychanalytiques ne les égalant que pour les troubles de la personnalité.

Cosignataire du Livre noir de la psychanalyse (sous la direction de Catherine Meyer, Les Arènes, 2005, 830 p., 29,80 euros) et contributeur d’une expertise Inserm controversée sur l’efficacité des psychothérapies, Jean Cottraux considère qu’« un bon thérapeute doit être en mesure d’expliquer son trouble à son patient, de lui dire comment il va procéder, combien de temps cela va durer, combien ça va coûter, et quelles sont les alternatives possibles ».

Mais si les TCC correspondent à des méthodes transposables et reproductibles, il n’en va pas de même des thérapies d’orientation psychanalytique. « Elles n’ont pas de durée prédéterminée. Elles ne s’attaquent pas uniquement au symptôme mais permettent un meilleur épanouissement de la personne, plus de créativité et une plus grande liberté », poursuit Marie-Frédérique Bacqué.

Par-delà le choix du type de thérapie, deux éléments sont déterminants : le professionnalisme bien sûr, mais aussi la relation de confiance. « Ce qui importe n’est pas tant la technique que le psychothérapeute. On est dans le rapport humain, et, les études le confirment, une thérapie réussie repose sur l’alliance thérapeutique », estime Alain Braconnier, psychiatre et psychanalyste.

N’importe quel médecin généraliste, sympathique ou pas, est capable de soigner une angine. Il en est tout autrement d’un psychothérapeute, qui doit faire preuve d’une compréhension bienveillante… « Quand j’adresse des patients à un psychothérapeute, je les préviens que je vais les envoyer chez quelqu’un en qui j’ai confiance, mais que si cette personne ne leur convient pas, ils peuvent revenir me voir », poursuit Alain Braconnier. On peut voir plusieurs psychothérapeutes et faire son choix, l’important est de se sentir compris.

Le père, le langage et l’autorité

Voici des extraits du livre « L’homme sans gravité » (2002) de Charles Melman, psychanalyste lacanien, ayant trait aux questions de l’autorité, du rôle du père et du langage dans la construction de l’autorité chez un individu sain.

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P. 25-26

Nous sommes les seuls dans le règne animal dont la pos­sibilité de réalisation sexuelle est organisée par une dys­fonction, puisque le choix de l’objet est réglé non par une identification des traits caractéristiques du partenaire, par­tenaire de sexe opposé, ou des odeurs spécifiques, mais par la perte, le renoncement à l’objet aimé. Il faut cette dys­fonction pour que chez l’être parlant le sexuel puisse s’accomplir, il faut qu’il ait accès à un semblant, à un fac­similé.

Il faut ce type de dysfonctionnement – que nous ren­controns régulièrement dans toute approche de l’enfant -, ce type de malheur pour que le rapport du sujet au monde, à son désir, à son identité puisse se faire. On voit de quelle manière, évidemment, cette perte met en place une limite, et comment cette limite a la propriété d’entretenir le désir et la vitalité du sujet. Le père, contrairement à un abord simpliste de la situation œdipienne, n’est pas tant celui qui interdit que celui qui donne l’exemple du franchissement autorisé de la limite pour accomplir son désir, son désir sexuel. Tout le monde sait bien que l’accomplissement du désir sexuel a toujours cet aspect momentanément hors norme, quelque peu transgressif.

La fonction du père est donc bien de mettre l’impossible au service de la jouissance sexuelle… et on se demande par quelle aberration le père a pu se faire identifier comme l’interdicteur du désir alors qu’il en est d’abord le promoteur. Il faudrait, là-dessus, tourmenter un peu Freud !

Ce n’est pas moi qui viendrai vous rappeler le destin que connaît aujourd’hui la figure paternelle, la façon dont, de manière tout à fait surprenante tant elle est inscrite dans la mode, nous nous employons à venir la châtrer, comment elle est de plus en plus, ladite figure, interdite, malmenée, dévalorisée.

Je suis heureux qu’un projet de loi ait vu le jour pour permettre enfin en France aux pères de prendre un congé après la naissance de leur enfant. Mais cette nouvelle possibilité, paradoxalement, les astreint à ce qui sera encore une fonction de type maternel.

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P. 46

Le retour de l’autorité ?

J.-P. LEBRUN : Pensez-vous que toute cette évolution est paradoxalement une invitation au retour de la figure paternelle autoritaire ?

CH. MELMAN : Certainement. Ce genre de situation a toujours conduit à un retour de bâton, un retour de l’autorité, le plus souvent sous une forme despotique. Est-ce que ce sera encore le cas ? On peut le penser, car la situation actuelle n’est pas tenable. Et l’on peut craindre, comme une évolution naturelle, l’émergence de ce que j’appellerais un fascisme volontaire, non pas un fascisme imposé par quelque leader et quelque doctrine, mais une aspiration collective à l’établissement d’une autorité qui soulagerait de l’angoisse, qui viendrait enfin dire à nouveau ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire, ce qui est bon et ce qui ne l’est pas, alors qu’aujourd’hui on est dans la confusion.