Panne d’ascenseur dans le social

Depuis 2015, un sujet me trotte dans la tête. J’ai commencé à mettre en forme mes idées en 2017 et ces idées ont pris la forme d’un essai. Mon ami Bernard Legros a bien voulu écrire la préface, et l’éditeur Libre et solidaire a été intéressé par mon projet, qui est paru le 30 mai 2019.

Je soutiens les librairies indépendantes faces aux GAFAM, et soutient cette sélection de livres pour réfléchir sur l’Amazonie.

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Véritable métaphore, ce texte dénonce les déviances de notre société qui laisse en chemin les personnes les plus fragiles sous prétexte de modernité.

En 2002, dans un quartier ouvrier de Strasbourg, le petit Bilal, un enfant de 4 ans, chute dans une cage d’ascenseur et décède. Cet accident très médiatisé, à l’origine de la loi de Robien, nous interpelle sur l’état de notre société.

Le progrès technologique est-il vraiment accessible à tous ? L’ascenseur, solution de notre société moderne, est-il supérieur à l’escalier, solution « économique » ? À travers ce parallèle, c’est tout le concept de « progrès » qui est remis en question. Cette parabole décrit un système social qui augmente les inégalités entre les classes, les privilégiés d’une part et les laissés-pour-compte d’autre part, ce fossé se creuse de plus en plus engendrant frustrations et suscitant le rejet de notre système politique.

Cet ouvrage nous invite à refuser ce faux progrès, à changer nos références culturelles, notre regard sur le monde et sur nous-mêmes, et surtout à modifier notre comportement, le temps presse…

Souffrance psychique au travail

Voici un ensemble de liens vers des articles, des livres, des films… pour réfléchir et agir, afin de sortir de la souffrance psychique au travail.

Philippe DAVEZIES
Philippe Davezies est enseignant-chercheur en médecine et santé du travail à l’université Claude-Bernard Lyon I


Marie-France HIRIGOYEN
Psychiatre, psychanalyste et thérapeute familial systémique, Marie-France Hirigoyen a inventé le terme « Harcèlement moral » en 1998. Elle s’est intéressée à la violence psychologique au travail et dans le couple.
Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien
Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien
II est possible de détruire quelqu’un juste avec des mots, des regards, des sous-entendus : cela se nomme violence perverse ou harcèlement moral.
Dans ce livre nourri de nombreux témoignages, l’auteur analyse la spécificité de la relation perverse et met en garde contre toute tentative de banalisation. Elle nous montre qu’un même processus mortifère est à l’oeuvre, qu’il s’agisse d’un couple, d’une famille ou d’une entreprise, entraînant les victimes dans une spirale dépressive, voire suicidaire. Ces violences insidieuses découlent d’une même volonté de se débarrasser de quelqu’un sans se salir les mains.
Car le propre du pervers est d’avancer masqué.
C’est cette imposture qu’il faut dévoiler pour permettre à la victime de retrouver ses repères et de se soustraire à l’emprise de son agresseur. S’appuyant sur son expérience clinique, l’auteur se place en effet, en tant que victimologue, du côté des personnes agressées pour que le harcèlement qu’elles subissent quotidiennement soit pris en compte et nommé pour ce qu’il est : un véritable meurtre psychique.
Le sujet du harcèlement moral reste largement inédit en France.
D’où l’intérêt de ce livre remarquablement documenté, qui est aussi un guide pratique pour les victimes ou ceux qui veulent les aider (choix de la thérapie la mieux adaptée, étapes à court et long terme vers la guérison…) et pour les professionnels auxquels il propose une approche nouvelle. Mais plus largement, par son style clair et vivant, il intéressera tous ceux qui ne souhaitent pas rester indifférents face à ce problème de société.

 

Marcel TRILLAT
Journaliste, administrateur de France Televisions. Aujourd’hui à la retraite, il réalise des documentaires.
« Rêver le travail » – film sur utube

Intolérance alimentaire, le mal qui monte ?

Je reproduis ci-dessous un article sur un sujet de société, où la médecine allopathique semble être en difficulté, et où un soutien psychologique peut être utile pour les individus concernés.

Des personnes souffrent de symptômes parfois diffus, et le lien avec un aliment rejeté par l’organisme n’est pas toujours évident à trouver. Nous sommes dans le domaine des faibles doses, de la causalité faible, bien connue en psychologie : on peut « guérir » sans forcément savoir de quoi on souffrait, ou sans savoir comment la psychothérapie a agit.Intuitivement, les faibles doses nous rappellent la diffusion de poisons à doses « homéopathiques » :
– les pesticides très toxiques utilisés dans les premières heures de l’agriculture « industrialisée », et vite retirés du marché pour raisons sanitaires,
– les additifs alimentaires E999 en cours d’évaluation par le projet Reach, toujours douteux pour certains…
– nous connaissons les blés malades vendus comme des blés sains, des variétés hybrides F1 tordues génétiquement pour faciliter le travail de la moissonneuse et sans se soucier des qualités nutritives,  grâce au film « Solutions locales pour un désordre global », de Coline Serreau (http://www.solutionslocales-lefilm.com/).
– nous avons en souvenir le matraquage publicitaire des années ’80 « les produits laitiers sont nos amis pour la vie », qui consistait en fait à écouler les surplus d’une industrie laitière mal planifiée.

La liste des livres aux titres évocateurs s’allonge d’années en années, au fil des scandales alimentaires et sanitaires, détaillant précisément la dangerosité des industries agro-alimentaires, pharmaceutiques et médiatiques ; quelques références :
Arômes dans notre assiette, la grande manipulation – Hans-Ulrich Grimm – 2004
Lait, mensonges et propagande – Thierry Souccar – 2004
L’industrie du mensonge : lobbying, communication, publicité et médias – Stauber John, Rampton Sheldon – 2004
Notre poison quotidien – Marie-Monique Robin – 2011

Et si l’intolérance au gluten était directement liée aux variétés hybrides qui n’ont plus rien à voir avec des aliments « compréhensibles » par un intestin humain ? Et si l’intolérance au gluten était directement liée aux traces de pesticides qui se logent dans le grain, dans l’intimité du grain que constitue le gluten ?

Et si l’intolérance à la caséïne du lait suivait la même logique, associée par le corps humain à toutes les cochonneries chimiques qu’il reçoit en buvant du lait de vaches industriel ?

J’en profite pour faire référence à un article édifiant à propos des bricolages effectués sur le lait depuis une vingtaine d’années. Comment s’étonner encore que le lait soit devenu allergisant ?

Le lait : cet élixir assassiné

Y a-t-il autant d’intolérants au gluten parmi ceux qui se nourrissent au blé bio ou de variétés anciennes telles que l’épeautre ?

Y a-t-il autant d’intolérants au lait parmi ceux qui boivent du lait de vache bio, du lait de brebis ou de chèvre, parmi ceux pour lesquels le lait de vache a été introduit tardivement (au delà des 12 premiers mois par exemple sous forme de yaourt et de petits suisses), et a été stoppé à l’adolescence (il me semble que le lait reste un aliment associé à la têtée : un adulte n’en a plus besoin) ?

L’intolérance au lait se traduit-elle sur tous les produits : différentes formes du lait, beurre, crème fraiche, yaourts, fromages crus, fromages cuits ?

Nous restons avec une multitude de questions. Mais quand nous lisons ci-dessous les causes probables, nous pouvons faire l’hypothèse que les intolérances alimentaires sont le prix à payer du « progrès industriel », celui de l’agro-alimentaire, c’est à dire d’une agriculture traditionnelle sommée (vers les années ’50) de passer par la case consommation et endettement, comme les ménages français !

C’est peut-être l’échec d’une société illusoire : où nous voulons allez trop vite avec nos enfants, où nous aimerions tout goûter n’importe quand, où nous ingurgitons des produits alimentaires transformés à outrance, qui deviennent des apparences d’aliments : hamburgers de restauration rapide, paquets de trucs soufflés aux formes bizarres et au « goût » bacon pour l’apéritif, bouillon au bœuf sans bœuf, etc… ou des boissons qui ne tiennent pas leurs promesses : le rêve exotique du desperado qui se perd dans une bière au goût de tequila mais sans tequila (arôme) : désespérant effectivement !

Une société du mensonge, où les industriels mentent aux citoyens, mais où les citoyens se mentent à eux-mêmes, maintenus dans une immaturité permanente, dans une dépendance ou une addiction.

Comme disent les journalistes de la presse de masse : la nature reprend ses droits. Ou plutôt, chaque individu retrouve sa responsabilité individuelle, en faisant une confiance aveugle dans l’industrie alimentaire, ou en se retrouvant obligé d’éplucher les étiquettes de tous les produits qu’il ingurgite, ce qui parait souvent une attitude maniaque, et qui est pour moi plutôt une attitude saine.

La confiance en l’industrie agro-alimentaire est rompue :  il nous appartient de la contraindre et de la réformer.

 

L’article issu du site Psychologies.com

Intolérance alimentaire, le mal qui monte ?

Régime sans gluten, sans œuf, sans lactose… Les intolérances alimentaires toucheraient de plus en plus de Français, enfants comme adultes. Que se cache-t-il derrière cette pathologie ? Quelle différence avec une allergie alimentaire ? Sommes-nous aussi nombreux que nous le pensons à être concernés ?

Anne-Laure Vaineau

15 à 20 % de la population a été, est, ou sera un jour, confrontée à une maladie allergique, estime l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Parmi les différentes pathologies répertoriées, l’intolérance alimentaire. Un phénomène en constante progression ces vingt dernières années, mais qui serait trop récent pour permettre à la communauté scientifique de prendre suffisamment de recul et d’être unanime sur le sujet. Résultat, beaucoup de questions sont posées, mais les zones d’ombre persistent. État des lieux.

L’intolérance alimentaire, c’est quoi ?

L’intolérance alimentaire est l’hypersensibilité d’un individu à un aliment ou un ingrédient habituellement toléré par la plupart des gens. Elle se traduit par la manifestation de divers symptômes indésirables, déclenchés suite à l’ingestion répétée, quelle qu’en soit la fréquence, de l’aliment incriminé à des doses normalement supportées.

Dans les faits, être intolérant alimentaire, c’est, au départ, souffrir au quotidien de troubles dont on parvient difficilement à trouver la cause. Ce sont souvent les douleurs intestinales qui alertent, mais elles ne sont pas les seules à prendre en compte. Infections ORL à répétition, rhumatismes, migraines, pathologies cutanées… sont autant de symptômes qui peuvent aussi résulter d’une intolérance alimentaire.

Une fois que le diagnostic est posé, c’est alors un véritable changement de vie qui s’amorce pour l’intolérant. Car s’il ne supporte pas les œufs par exemple, il va devoir les évincer totalement (même si temporairement) de son alimentation. Dès lors, il va devoir apprendre à déchiffrer les étiquettes des produits lorsqu’il fera ses courses, ou encore réadapter les recettes (même les plus classiques) et remplacer l’ingrédient qu’il ne peut consommer par un autre. Le tout, en essayant autant que possible de préserver sa vie sociale et le plaisir de se nourrir. Un bouleversement parfois difficile, d’autant que, paradoxalement, il a été constaté que les intolérants sont spécifiquement attirés par les aliments auxquels ils n’ont pas le droit… Que l’on soit enfant ou adulte, l’intolérance alimentaire, même si elle semble de prime abord moins grave que l’allergie, est une pathologie qui transforme inévitablement le quotidien de celui qui en souffre.

Allergie, intolérance : quelles différences ?

Allergie et intolérance sont souvent confondues, bien que très différentes.

L’un des meilleurs moyens de les distinguer, c’est notamment d’analyser les symptômes qu’elles provoquent. Dans le cas de l’allergie, la manifestation est immédiate et extériorisée : du simple urticaire à l’arrêt respiratoire ou cardiaque, en passant par l’œdème de Quincke ou les troubles digestifs, type vomissements ou diarrhées. Lorsqu’il s’agit d’une intolérance par contre, les effets sont plus discrets et souvent, à retardement. Migraines, troubles et maladies digestives, infections ORL, pathologies cutanées, rhumatismes, et même, pour certaines intolérances telles que celle au lait, diabète de type I… les intolérances alimentaires peuvent avoir des conséquences si nombreuses qu’elles rendent le diagnostic plus difficile à poser.

Autre élément à prendre en compte, la quantité d’aliment ingérée. Pour les allergiques, le fait de manger l’aliment allergène une fois suffit à provoquer une réaction. Chez l’intolérant, c’est la fréquence et la quantité d’aliments ingérés qui déclenchent le processus.

Il existe par ailleurs d’autres aspects permettant de mettre en valeur les différences entre ces deux pathologies, telles que les moyens de les détecter (tests sanguins, urinaires ou cutanés) ou encore, la réaction de l’organisme lors de la suppression de l’aliment incriminé.

Un phénomène, plusieurs causes

Grâce aux multiples recherches effectuées sur le sujet, plusieurs hypothèses commencent à être avancées pour expliquer la croissance vertigineuse du nombre d’intolérants. Si l’industrialisation de notre alimentation semble être l’un des principaux responsables, plusieurs pistes se dégagent :

L’hérédité d’abord, dont l’implication semble incontestable. Néanmoins, un point reste encore à examiner : comment expliquer que certains individus, pourtant génétiquement prédisposés, ne développent pas d’intolérance ?

La théorie de l’hygiène. Nous ne serions pas assez exposés, dès la naissance, aux microbes et autres infections qui ont pour mission de stimuler et de forger notre système immunitaire. Par ailleurs, la prise d’antibiotiques, même si de moins en moins systématique, dès notre plus jeune âge, serait aussi incriminée.

La diversification alimentaire précoce. Elle serait responsable du développement de plus en plus fréquent d’allergies et d’intolérances chez les bébés, dont le système immunitaire serait encore trop immature pour tolérer si tôt une nourriture variée.

La mise sur le marché d’aliments nouveaux. Fruits exotiques, épices, huiles végétales… L’émergence de nouvelles denrées alimentaires, auxquelles notre organisme n’est pas habitué, serait elle aussi impliquée.

L’industrialisation. Aromates et arômes industriels, mixages composites, addition de nombreuses épices, procédés divers de cuisson… Les nouvelles technologies utilisées par les industriels de l’agro-alimentaire seraient elles aussi hautement allergènes, notamment de par l’introduction systématique d’additifs dans les préparations.

Les polluants environnementaux. Aluminium, plomb, mercure… L’intoxication aux métaux lourds (présents dans les amalgames dentaires, les vaccins, ou encore les cigarettes) pourrait également être, en partie, responsable des intolérances au gluten et à la caséine du lait.

L’intolérance au gluten

Elle touche près de 150 000 français et provoque des réactions essentiellement intestinales, l’intolérance au gluten est celle qui fait le plus parler d’elle. Et pour cause, le gluten est partout : biscuits, quiches, pain, pâtes, pizzas, viennoiseries, charcuterie, sauces, bière… Mais en plus, c’est l’une des intolérances les plus insidieuses, et le plus souvent, elle n’est pas diagnostiquée et masquée derrière ce que les médecins nomment le syndrome de l’intestin irritable. Pour lutter contre l’intolérance au gluten, il convient avant toute chose de procéder à l’éviction totale du blé, du seigle, de l’avoine, du kamut, de l’épeautre et de l’orge. Les seules céréales alors autorisées sont le riz, le quinoa, le millet, le manioc, l’amarante et le sarrasin. Autant dire que la vie sans gluten nécessite le suivi d’un régime très strict, souvent vécu de façon très contraignante.

L’intolérance aux produits laitiers

Elle toucherait environ 8% des enfants, chez qui elle représente l’intolérance la plus fréquente. Elle est diagnostiquée très tôt si la mère a consommé des laitages en très grande quantité pendant sa grossesse. Elle atteint son paroxysme vers l’âge de deux ans, sauf pour certains malades, chez qui elle ne se manifestera qu’à l’âge adulte. Régurgitations, hypoglycémie, malaises, insomnies, coliques abdominales et diarrhée, eczéma, irritabilité… Sont autant de symptômes qui permettent de repérer l’intolérance, pour laquelle l’éviction doit être stricte pendant 6 à 12 mois avant de tenter toute réintroduction. Chez l’adulte intolérant, la consommation de produits laitiers et de fromages peut provoquer troubles intestinaux et cutanés, hémorroïdes, règles douloureuses, douleurs et raideurs articulaires, migraines, spasmophilie… Les améliorations sont visibles dès un mois d’éviction.

Les autres intolérances

Si les intolérances au gluten et aux produits laitiers sont parmi les plus connues, d’autres aliments (presque tous en réalité) peuvent également provoquer des réactions similaires et nécessiter une éviction, puis une réintégration progressive. Il s’agit notamment des légumes et autres aliments végétaux. S’ils sont responsables de près de 60 % des intolérances alimentaires, ils présentent néanmoins une contrainte moindre : il est plus facile de ne plus manger de fenouil ou de poivron que d’évincer tous les produits laitiers de son alimentation. Les produits de la mer ne sont pas en reste. Les poissons notamment, occupent le troisième rang des aliments allergènes. Les épices, aromates et condiments peuvent eux aussi être responsables d’intolérances, ainsi que les fruits (agrumes et fruits exotiques en tête) ou encore les œufs (intolérance à l’ovalbumine contenue dans le blanc).

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Le portage des bébés

Résumé
Nous sommes souvent ignorants à propos des bébés. Le portage ventral avec une écharpe correspond le mieux aux besoins physiologiques et psychologiques du nourrisson. Il permet une transition progressive du monde foetal au monde aérien : c’est un des premiers actes de soin (contact, affection, motricité…) contribuant au développement sain d’un être humain.
Le portage est une pratique traditionnelle tombée en désuétude en France, que nous redécouvrons. Noyés dans un environnement publicitaire agressif, il nous est difficile de retrouver les besoins profonds d’un nourrisson, pour choisir une méthode adaptée de transport : le portage « face au monde » induit par certains fabricants « spécialisés » s’avère catastrophique, parce qu’inadapté aux besoins de l’enfant.
Comment la thérapie est-elle reliée aux notions de portage, de nourriture; comment peut-elle nous permettre de nous situer dans cette société qui s’effondre ?

Premier article
Voici mon premier article sur ce nouveau site, et je commence avec ce que j’ai sous la main,  un document intitulé « Porter les bébés face au monde… Pourquoi et comment éviter ? ».

Premier article de la catégorie « Nourrisson ». Que vient faire un tel sujet sur un site de psy ? Sans doute parce qu’il contraste avec un autre texte que je viens de lire récemment, dans lequel a posteriori, deux vignettes cliniques (études de cas) témoignent de vies ravagées par une arrivée au monde catastrophique. Ces deux femmes, surnommées Azalée et Myosotis, ont vécu les pires trajectoires : nées dans des environnements particulièrement violents et morbides, elles n’ont pas été « portées », c’est le moins qu’on puisse dire. J’oserais dire qu’elles ont été « déportées », avec toute l’horreur que ce mot peut rappeler à nos mémoires européennes.

Bébé ou nourrisson ?
Je préfère ce mot « nourrisson » un peu ancien, chargé d’une étymologie prégnante (nourrir, allaiter, éduquer), à cet autre mot dominant et récent (20ème siècle), issu du babillage : « bébé ». Le mot « bébé » atteint son paroxysme de débilité avec « Réussir son bébé » : le slogan publicitaire d’un industriel « décomplexé », affiché sur des 4×3 dans les inévitables zones commerciales, aux abords des villes françaises. Réussir son bébé : on touche le fond.

Qu’est-ce qu’un nourrisson ?
Un nourrisson, c’est un être désemparé, que nous nourrissons. Nous, ses parents, mais aussi nous, tous ceux que ce petit être sera amené à rencontrer.

Et un jour, le nourrisson a suffisamment été nourri par son groupe ethnique, la société… pour nourrir à son tour. Nourriture terrestre, spirituelle… Le voilà adulte, mûr, affirmé.

Qu’est-ce que le portage ?
Le portage consiste à porter son bébé sur soi, avec un porte-bébé ou une écharpe, dans le dos ou sur le ventre.

Porter son enfant, c’est combler ses besoins fondamentaux, communiquer avec lui en permanence, lui apporter amour,  protection affective, chaleur et contact corporel étroit favorisant la création du lien d’attachement.

Statistiquement, les bébés portés pleurent moins, souffrent moins de « coliques » et leur sommeil est de meilleure qualité.

L’attachement
Ah ! Nous y voilà : l’attachement est un concept psychologique très fécond; on s’en persuadera en constatant la longueur de la page de définition wikipédia. Cette page est peu accessible pour les néophytes, mais le tableau « Schèmes de comportement de l’enfant et du caregiver avant l’âge de 18 mois » est intéressant, et permet de comprendre comment le lien peut se dégrader de façon pathologique : Évitant, Ambivalent/Résistant, Désorganisé.
Une définition courte.

Le portage : une pratique ancienne redécouverte
Le portage est une pratique tellement évidente, tellement logique suivant les besoins du nourrisson, tellement pratiquée depuis toujours, et ailleurs qu’en occident… que pour nous, c’est juste un truc à la mode, une mode « écolo », une « redécouverte ».

Faut-il que nous soyons à ce point dénaturés (coupés de nos instincts), ou déculturés (coupés de nos traditions), pour avoir besoin de « redécouvrir » cette façon de porter nos petits ?

Le fœtus passe 9 mois balloté dans le ventre de sa mère, nourri en permanence, au chaud, à l’abri des regards. Et le voici tout à coup exposé à la faim, au froid, à la lumière qui « pique » les yeux, aux regards prédateurs d’adultes inconnus… trimbalé dans une poussette, sans aucun contact physique avec sa mère, et ce monde fabuleux des odeurs, que nous, adultes, avons complètement oublié.

Le portage « face au monde » : une aberration commerciale
Et nous constatons que même cette idée de « portage ventral » peut être pervertie, lorsqu’un nourrisson est porté « face au monde » :
– sur-stimulation : impossible de se blottir, de se soustraire aux stimulations,
– stress : le bébé ne peut plus communiquer ses émotions par le regard avec son porteur,
– blessures : poids porté sur les parties génitales,
– douleurs et défauts de stature : la colonne vertébrale ne peut pas être maintenue « ronde » comme il convient pour un nouveau-né.

D’où vient cette idée de porter un nourrisson « face au monde » ? A-t-elle germé dans l’esprit vénalement altéré d’un quelconque fabricant de porte-bébés qui se « clipsent en 2 temps 3 mouvements » ?

La poussette : une dérive historique
La poussette issue de la bourgeoisie victorienne est un illogisme, une aberration historique, présentée comme un progrès, car libérant la mère d’un fardeau. Au début prévue pour porter des enfants qui marchent, la poussette a fini par s’appliquer aux nourrissons. Ce n’est même pas le contraire d’un progrès (une régression) : c’est un effondrement ! Une rupture symbolique, un non-sens, une incompréhension fondamentale… le début des ennuis (psy) ! Les bébés sont fait pour être portés, au moins dans les premiers mois de leur existence, jusque l’âge d’environ 6 mois où ils commencent à se tenir assis.

Ignorance, maladresse : des conséquences graves ou fatales
La poussette n’est qu’un exemple presque anecdotique d’incompréhension, et nous pouvons multiplier les exemples. A l’école, les enfants restent assis, sans bouger, sans parler, alors que nous savons maintenant qu’ils apprennent mieux… si ils bougent ! On peut rassurer un petit en lui parlant, en lui disant « à tout à l’heure ». De nombreux accidents du nourrisson sont dus à des lits « suréquipés » (sur lesquels un commerçant peut améliorer substantiellement sa marge). Une petite fille a beaucoup de difficulté à s’endormir parce que ses parents l’ont couchée et sont partis en vacance pendant une semaine : elle pense que si elle s’endort, ses parents vont l’abandonner…

L’effondrement
Les générations qui nous précèdent (enfants de la dépression et de la guerre, baby-boomers, génération X) ont commis de nombreuses erreurs… avec toutes les bonnes intentions du monde. Je pense par exemple à l’idéologie des années ’60 concernant l’allaitement, à l’extrême inverse d’aujourd’hui, et à l’export de lait concentré Nestlé en Afrique (le lait industriel étant présenté à l’époque comme supérieur au lait maternel !). Il nous appartient de mettre à jour ces erreurs, de les analyser, de les désamorcer en nous, de pardonner à nos ainés, et d’inventer un nouvel art de vivre, sainement.

L’idée occidentale du « progrès » est révolue : nous avons tant à apprendre de notre passé, et des autres cultures. Le progrès technologique cède aujourd’hui la place au progrès humain. Nous entrons dans un nouvel humanisme, que j’appelle « L’ère du miroir ».

Notre société s’effondre, nous assistons à son effondrement, et à partir de ce constat, il nous faut choisir une attitude. Soit cet effondrement nous terrifie et nous fermons les yeux, soit cet effondrement nous désempare et nous sommes angoissés, soit cet effondrement est celui d’un monde qui n’est plus le nôtre : nous appelons de nos vœux un monde qui nous ressemble, que nous contribuons à construire dès aujourd’hui, sans faire de bruit, sans que cela soit visible à la télé ou dans les journaux.

Prenons la tangente
C’est ce sens, cette direction à prendre, que je propose à mes patients : prenons la tangente, prenons les chemins de traverse, partons faire l’école buissonnière. Nous en avons soupé de la réussite coûte que coûte, nous en avons assez des mensonges… médiatiques, politiques, publicitaires… Nous en avons assez d’être pris pour des cibles… marketing. Nous en avons assez de subir le harcèlement téléphonique quotidien d’entreprises toutes-puissantes, délinquantes, et impunies…

La psychothérapie : une nourriture ?
Nous nourrissons nos rêves. Nous nous nourrissons de lectures passionnantes, de rencontres étourdissantes, profondes, savoureuses.
Nous nourrissons ceux que nous aimons.

La psychothérapie est peut-être un échange de nourriture, un repas symbolique dans lequel aucun des deux ne mange l’autre : chacun apporte une matière qui se façonne. La demande du patient, l’écoute et les compétences du thérapeute, un désir qui rencontre un autre désir, qui permettent de travailler ensemble, d’élaborer, de creuser un labour, de façonner une matière, de donner forme, d’informer.

Dans un premier temps, nous avons tous besoin d’être portés face à ceux qui nous nourrissent, puis face à nous-même… pour enfin pouvoir faire face au monde.

Références
Association Française de Portage des Bébés, texte de Antje Mattig.